Editorial. Le 21 juin, c’est la fête de la musique, dans le monde. Les artistes et mélomanes  se réunissent lors des spectacles publics, pour célébrer cet art. Mais, au-delà d’une simple  fête,  quelle aubaine pour les artistes africains, en ce qui concerne certaines revendications légitimes ? C’est, en tout cas, la question qu’on est tenté de se poser, surtout quand on sait qu’en Afrique la musique ne nourrit pas forcement  ceux qui la pratiquent, contrairement à certains pays dans le monde où les artistes s’en sortent aisément.

Le 1er Mai est marqué par les défilés civils de différents syndicats de travailleurs, qui se mobilisent pour faire entendre leur voix et réclamer de meilleures  conditions de travail. Les artistes chanteurs et musiciens pourraient également se mobiliser dans ce sens, au lieu d’organier des fêtes seulement. Les artistes pourraient, à travers des actions collectives, mettre la pression sur les autorités politiques, pour demander, par exemple, des salles de spectacles modernes, la bonne restitution de leur droit d’auteur, une meilleure considération sur le plan social et des actions supplémentaires  pour le développement de la musique dans leurs pays respectifs. En Afrique, les musiciens et chanteurs n’ont pas tous les mêmes chances. Dans certains pays, le  droit à l’image n’est  pas assez bien protégé, les talents sont très peu mis en valeur, le showbiz est politisé, les artistes chanteurs « griots » qui fanfaronnent les actions du régime politique  sont  bien traités, alors que ceux qui ont des regards beaucoup plus critiques sur le système de gouvernance, sont châtiés et censurés. Ça fait pitié ! Au Togo, par exemple, plusieurs artistes membres du Mouvement des artistes engagés pour le Togo (MAET) sont censurés sur les medias publics et  certains medias privés, juste à cause de leur position critique vis-à-vis du régime cinquantenaire en place. En Cote d’Ivoire, le Burida est mal géré, la répartition des recettes liés aux droits d’auteurs sont mal fait, et les artistes grincent les dents. Pour n’en citer que ceux-là.  Si les artistes chanteurs et musiciens ont le courage et la détermination, ils peuvent bien, de façon synchronisée en Afrique, décider des mouvements  populaires pour réclamer leur droit. Ils peuvent aussi, s’appuyant sur certaines organisations de la société civile, organiser des colloques au cours du 21 juin, des meetings géants dans  les universités et lieux publics, devant les sièges des institutions nationales ,  pour sensibiliser les populations sur les problèmes effectifs rencontrés par les artistes, en profitant pour dénoncer les mauvaises gestions du domaine culturel dans leur pays.

Les artistes chanteurs et musiciens, doivent prendre leur destin en main et se battre ardemment pour leur liberté culturelle et pour leur droit réservé. Mais, encore faut-il qu’ils soient unis, d’abord.

Charles AYI