Je suis peiné, déçu, désespéré…à un point…
Le seul problème du Bénin, ce sont les Béninois (il paraît que c’est pareil chez nos voisins du continent). Ayons le courage de nous dire la vérité, sans langue de bois: nous avons un profond et sérieux problème de mindset. Le reconnaître ne dilue aucunement l’amour que nous avons pour notre patrie. Bien au contraire. Le réalisme est le 1er pas vers la guérison.
De nombreuses personnes m’ont dit souvent qu’elle ne pouvaient plus se permettre de délayer du gari, parce que ce serait un comportement de pauvre. Quelle honte d’entendre même des « intellectuels » raisonner ainsi, prétextant que le gari et le kluiklui leur rappellent de mauvais souvenirs ou que cela ne correspond plus à leur standing. Hier, lors d’un échange avec des étudiants, ces raccourcis manchots ont été remis sur la table, me rappelant à quel point le mal est enraciné. Comment peut-on aimer son pays et sa culture, prétendre au développement, si on renie systématiquement tout ce qui émane de nous ou qu’on ne le tolère qu’une fois entre 4 murs, loin des regards de la société? Avez-vous déjà vu un américain dire qu’il ne mangera plus jamais de Burgers, un Italien renier sa pizza, un chinois bannir le riz? Nous fuyons nos danses et rythmes, nous dénigrons nos mets, nous vénérons les vêtements venus d’ailleurs, nous ignorons ce qu’est la préférence nationale. Oh Grand Dieu! Nous prions même pour que nos frères et sœurs qui montent des projets se cassent la figure et surtout, nous les applaudissons et les bénissons publiquement alors que nous les maudissons en secret. « Je n’achèterai jamais son produit »; « c’est la famille, je n’ai pas besoin d’acheter, il sait que je le soutiens », « on est ensemble, courage man! », « s’il pense que c’est en faisant ça qu’il va ME dépasser » etc. Petitesse d’esprit, étroitesse intellectuelle, négation de l’ascension, sous-développement mental. Conclusion: stagnation assurée pour le pays.
J’aime mon pays, Dieu le sait. Je lui ai déjà donné beaucoup. Et je lui donnerai encore et encore, en étant ici ou ailleurs. Mais il nous faut absolument travailler à débarrasser notre esprit de complexes inutiles et tordus. Il nous faut apprendre à nous concentrer sur nos vies en laissant chacun en faire de même avec la sienne. L’éducation civique et morale ainsi que le leadership doivent devenir des priorités absolues.
En attendant que tout ça change, je poursuis mon délayage de gari avec les produits Dayélian, dans ma chemise by A’typic Touch.
Tous les peuples qui s\’imposent (Inde, Chine, USA, France, Japon, Nigeria…) ont compris que la culture est un puissant levier de développement. Le jour où nous parviendrons à imposer le Kluiklui, le Tèké, le ablo…comme ils l’ont fait avec les pizzas, les burgers, le jeans, Nollywood…on aura franchi un cap. Donnons à la culture toute sa place ! Yélian Régis Ezin
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