Types de contenus : Art abstrait, sculpture Togolaise


« Généralement il  y a deux choses qui permettent de reconnaitre un état : le drapeau et la carte du pays. Or, lorsque le président de la république Togolaise reçoit des invités dans son salon d’honneur à la présidence, il n’y a que le drapeau à coté de lui. Pourquoi ? Il faut qu’il y ait aussi la carte ou l’emblème du pays, comme cela se fait au Maroc et en Côte d’Ivoire. Le cadeau que je veux offrir à Faure Gnassingbé et par ricochet à l’Etat Togolais, c’est de sculpter la carte du Togo  sur une hauteur de 1M50  avec du bois d’ébène précieux, tout en y gravant toutes les cultures,  traditions et les reliefs du nord au Sud ». Ces propos sont ceux de Gbenyo Kossi Gabiam Hervé alias Agba Kossi , un sculpteur Togolais qui enregistre 20 années de carrière professionnelle.

C’est dans son atelier, « Dieu du Soleil », situé face à la lagune de Bè (commune populaire) en bordure de route, en quittant Bè-Beach pour Hôtel Napoléon (Bè-Gakpoto), que nous sommes allés rencontrer en plein midi de ce vendredi 29 Mars,  ce sculpteur de 41 ans. Sous un soleil de plomb, Agbo Kossi et ses amis travaillent d’arrache pieds pour produire des œuvres  abstraites mais aussi réalistes. Alors qu’il était en train de sculpter encore des objets, il a accepté de suspendre momentanément son travail pour nous présenter ses œuvres. Une visite dans sa boutique nous a permis de réaliser que l’homme est vraiment un doué en matière de sculpture.

 

La sculpture, justement, Gbenyo Kossi Gabiam s’en intéresse  entre 1995 et 1999, au Centre artisanal de Lomé où il obtient un certificat de fin d’apprentissage en sculpture général, grâce à un Européen qu’il a connu au Collège protestant et qui a pris sur lui de payer sa formation après que Gbényo Kossi Gabiam ait décidé d’abandonner l’école.

Mais malgré ses 20 années d’expériences, celui-là qui consacre ses travaux à la sculpture des objets d’arts principalement issus de la culture et de la tradition Togolaise, vit une carrière plus ou moins sclérotique ; car n’ayant pas les moyens financiers nécessaires pour voyager et participer à des expositions et des concours internationaux. Les seules fois que Gbényo Kossi Gabiam a voyagé notamment dans 11 pays africains dont le Maroc et l’Algérie, c’était à titre individuel pour seulement vendre ses œuvres.

« Pour participer à des expositions internationales, il faut être capable de présenter au moins une cinquantaine de pièces ; or, pour faire déplacer tout cela par avion, il faut payer des taxes qui coutent chères. Et aussi il faut trouver de l’argent pour loger à l’hôtel pendant des jours », nous a-t-il expliqué, insistant qu’il n’a « pas les moyens pour le faire malgré les 20 ans de travaux ». 

Un taux de tourisme qui ne fait pas les affaires du sculpteur

A la question de savoir pourquoi ça ne marche pas pour lui, l’artiste répond : «  Nos premiers clients (les européens, ndlr) ne viennent plus. Le taux du tourisme au Togo est actuellement à 2% (information obtenue sur Google, selon lui). Au moins si on avait un taux de 30%  ça allait nous arranger. Entre 1991 et 1993 le taux était à 95% et plus, malgré les crises sociopolitiques qu’on a connues à cette époque. Aujourd’hui pour plusieurs facteurs, le taux de tourisme baisse rendant difficile la commercialisation de nos œuvres ; car il faut reconnaitre que les Togolais achètent très rarement les objets d’arts sculptés. Au Maroc ils sont à près de 98%. », nous a expliqué l’ancien élève du sculpteur AGBOZO.

Mais Agbo Kossi ne désespère pas. Au contraire, il croit dur comme fer que l’art qu’il pratique va l’amener vers des succès et un mieux être. « S’il y a une chose à laquelle j’ai le plus confiance, c’est bien la sculpture ; car quoi qu’il arrive c’est quelque chose qui ne disparaitra jamais », nous a-t-il lancé.

Pour lui, il faut que le gouvernement crée des écoles de beaux arts dans  le pays pour promouvoir la culture africaine et Togolaise. En ce qui concerne la sculpture, M. Gbenyo ne comprend pas pourquoi cela n’est pas enseigné à l’école comme les autres matières surtout que la sculpture, soutient-il,  fait partie de la vie culturelle de l’africain depuis des générations.

À la fin de l’entretien Gabiam Hervé nous a offert une douzaine de  porte-clés sculptés plus une sculpture de notre logo.

Charles AYI


Fiche Technique : 

Nom et prénoms : Gbenyo Kossi Gabiam

Nom d’artiste : Agba Kossi

Age : 41 ans

Atelier : « Dieu du Soleil »

Situation Géographique : Atelier situé en bordure de route et face à la lagune de Bè (commune populaire) en allant vers Hôtel Napoléon, Bè-Gakpota.

Début : 1995

Diplôme : CFA  au Centre Artisanal de Lomé (1999)

Q / Comment  la culture peut contribuer à faire évoluer les choses au Togo ?  R : Le développement  doit avoir pour repère la culture. Sur cette base, si les jeunes sont imprégnés des valeurs culturelles ils ne peuvent pas rester à l’écart de toute processus de développement qui implique leurs  cultures.

Projet d’avenir : agrandir l’atelier, former les jeunes ou encore  participer à des expositions internationales.

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Charles AYI