La troisième édition de « Miss Crépue Bénin »,-un concours de beauté spécialement dédié aux femmes africaines naturelles (cheveux et peau)-, aura lieu le 13 Avril prochain à « Le Concerto Spectacles » sis à Cotonou dans le quartier Akpakpa. Placée sous le thème « le naturel pour la restauration de la beauté africaine », plus de 600 personnes sont attendues à cette édition 2019, trois fois plus que les éditions précédentes, selon Gaël Gbessovi, président du comité d’organisation. A moins de deux mois de ce rendez-vous de beauté, il s’est livré ce Dimanche à nous, dans un court entretien. Dans cette interview Gaël Gbessovi nous explique la quintessence d’une telle initiative dans un pays où la dépigmentation continue de gagner du terrain. Il invite donc le gouvernement Béninois à interdire l’importation des produits cosmétiques chimiques reconnus comme nocifs pour la santé des utilisateurs, en référence à ce qui se fait au Rwanda. Ce mordu de la mode et de la beauté naturelle en appelle à tous pour promouvoir davantage la beauté africaine, surtout naturelle. Interview.
Vous faites la promotion des femmes ayant des cheveux crépus et une beauté naturelle. Dans ce sens, vous organisé un concours pour élire une Miss. D’où vous êtes venue cette idée ?
Ce concours a été initié par la marque de produits cosmétiques naturels « Be Natural » (Dirigée par Mme Fleurette Gbessovi, sa femme, ndlr) qui souhaite, à travers cette initiative, aider la femme noire à s’assumer et à s’aimer telle qu’elle est. De plus en plus de femmes s’adonnent à la dépigmentation, au lissage des cheveux et ces phénomènes grandissant nous ont poussé à sensibiliser les femmes sur les dangers que constituent les produits cosmétiques chimiques autant ceux pour la peau que ceux pour les cheveux. C’est ainsi que dans notre désire de sensibiliser plus de monde nous avons pensé à ce concours, mettant en avant la femme noire telle qu’elle devrait être: naturelle et belle.
Depuis le lancement de ce concours, quel bilan faites-vous de l’initiative ?
Le concours est à sa 3e édition et chaque année nous sommes heureux de constater que le retour au naturel évolue au Bénin et partout en Afrique. Ce mouvement n’est plus considéré uniquement comme un phénomène de mode mais aussi et surtout comme un style de vie. Les années précédentes nous n’avions que 8 candidates, cette année nous passons à 12. L’engouement autour de cette cause grandit et c’est pour nous une grande source de fierté et la preuve que petit à petit notre message se fait entendre.
Comment procédez-vous à la sélection des femmes qui participent au concours ?
La sélection des candidates à « Miss crépue Bénin » passe par un casting. Les candidates sont ensuite auditionnées, nous vérifions si elles sont bel et bien naturelles de peau et de cheveux et nous écoutons les raisons les ayant poussées à participer à ce concours. De là nous sélectionnons celles qui se seraient démarquées du lot. Les candidates Miss crépue sont avant tout dévouées à la cause du naturel. Les lots ne viennent que compenser les efforts qu’elles ont fournis tout au long de la période de préparation. Ainsi chacune des candidates repart avec des lots offerts par des partenaires (cosmétiques, vestimentaires,…). La Miss et ses dauphines, quant à elles, repartent avec chacune une enveloppe financière en plus des cadeaux des partenaires.
Quel message avez-vous à lancer à l’endroit des promoteurs culturels, des sponsors ou encore des pouvoirs publics ?
Miss Crépue Bénin est un événement valorisant la femme et la culture africaine. Il met également un accent particulier sur notre identité africaine et les moyens dont nous disposons pour la valoriser. C’est une lutte quotidienne que « Be Natural » est en train de mener très souvent sans soutien ni sponsors. Nous profitons donc de votre canal pour inviter toutes les personnes physiques ou morales se sentant touchées par cette cause, à nous contacter afin de nous aider à promouvoir la beauté africaine au naturel. À l’endroit des autorités publiques, j’aimerais les emmener à prendre en exemple les mesures du gouvernement Rwandais qui depuis quelques temps a interdit l’importation des cosmétiques chimiques reconnus comme nocifs pour la santé de leurs utilisateurs et qui par ailleurs impose aux salariés de la fonction publique le port de leur cheveux naturels. Ce qui représente pour nous un grand pas vers l’acceptation de soi et la baisse du complexe d’infériorité des peuples africains.
Interview réalisée par Charles AYI