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www.noocultures.info – Après la Tanzanie et le Sénégal, Martin Pockrandt est à la tête du Goethe-Institut au Burkina Faso depuis septembre 2021. Avec sa nomination, l’institut ouvre une nouvelle ère pour la coopération culturelle avec le pays des hommes intègres. La mise en place d’un département de langue, la construction d’une scène artistique, l’aménagement et l’équipement d’une bibliothèque ainsi que l’ouverture d’une salle d’exposition sont autant de chantiers ouverts ces derniers mois. Des chantiers que nous présente le nouveau Directeur, à la faveur de son passage à notre rédaction.

 

Avant votre nomination à la direction du Goethe-Institut au Burkina Faso, vous étiez chef de la coopération linguistique au Goethe-Institut du Sénégal. Cette année, l’institut ouvre un département de Langue allemande. Est-ce une coïncidence ?

La coopération linguistique est une chose qui nous tient à cœur. Au Sénégal, c’était ma mission principale et je crois que ma nomination ici est une continuité, vu que l’allemand est la deuxième langue étrangère apprise dans les lycées et collèges (au Burkina Faso, ndlr). Cela parait logique alors d’avoir un directeur qui a précédemment été chef de la coopération linguistique. L’autre objectif principal de la coopération allemande, c’est le développement culturel expliquant ainsi le fait que chaque Goethe-Institut dispose d’un département culturel.

L’objectif est donc de « faire grandir » l’institut. Au cours des trois (3) derniers mois, on a construit des salles de cours, une salle d’exposition et un podium pour les évènements culturels. Nous avons également investi dans l’énergie durable et installé un système solaire. L’énergie durable est un thème important pour le Goethe-Institut et je suis heureux que nous ayons pu y contribuer dans notre institut au Burkina Faso. Je dirais que ces innovations sont possibles grâce à ma longue expérience au Goethe-Institut et bien sûr aussi parce que j’ai une équipe qui n’a pas seulement accompagné ce processus de changement, mais qui l’a aussi souhaité. Mon premier poste, c’était en Tanzanie en 2010, puis j’ai été à Munich (Allemagne) et dernièrement, j’ai été affecté au Sénégal en 2019.

Parlant justement de la langue, comment se porte l’allemand au Burkina Faso ?

L’allemand, c’est la deuxième langue étrangère apprise au Burkina. C’est donc une responsabilité pour le Goethe-Institut de participer à la formation, à la professionnalisation de l’apprentissage de la langue allemande. C’est une chose dans laquelle nous nous impliquons énormément vu le nombre élevé de professeurs d’allemand au Burkina Faso. Nous organisons chaque année pour eux des formations soit en présentiel ou soit en ligne.

Aussi, nous maximisons nos efforts sur les cours de langue qui sont dispensés à l’institut et ce, avec un effectif réduit et des salles de cours confortables et bien équipées. C’est pour nous une manière d’encourager l’échange entre apprenants et un accompagnement individuel personnalisé pour qu’à la fin du cours, vous puissiez effectivement parler allemand.

La nouvelle loi sur l’immigration légale en Allemagne donne la possibilité à des personnes ayant un niveau B2 de faire des formations professionnelles et de travailler en Allemagne. Nos principaux apprenants de la langue au Goethe-Institut sont donc des jeunes qui aimeraient faire des stages en Allemagne ou des personnes qui ont des partenaires professionnels allemands.

Le Goethe-Institut, c’est évidemment des activités culturelles régulièrement programmées. Comment se fait la sélection des activités culturelles du centre ?

Cela dépend de certains facteurs. Nous avons bien sûr une stratégie mondiale et une stratégie régionale qui comportent tous différents objectifs aussi importants les uns que les autres. En fonction donc de ces objectifs, nous avons un comité régional qui prend des informations, analyse et cherche de nouvelles idées sur la manière dont le Goethe-Institut pourrait apporter son soutien dans les pays où nous sommes présents.

Au Burkina Faso, l’institut a certes un nouveau directeur mais je trouve qu’il est important de garder nos premiers partenaires parce que sans eux il n’y aurait pas de programme culturel. Il est nécessaire de conserver les collaborations précédentes mais nous réfléchissions chaque jour à des innovations sur ce plan. Par exemple, depuis l’année dernière nous organisons des soirées Slam et je crois que nous sommes les premiers au Burkina à organiser régulièrement des événements de ce genre. Ceci est une nouveauté dans la programmation que nous aimerions perpétuer.

Également, en termes d’innovation, nous avons construit une salle d’exposition parce que personnellement je crois que chaque Goethe-Institut se doit de faire des expositions afin de donner aux artistes des espaces pour exposer leurs peintures, leurs photographies, leurs sculptures, etc. En plus, sur le secteur de la littérature, nous avons entrepris quelques changements. Quelques fois, nous avons invité des auteurs à venir présenter leur livre mais cela n’était pas encadré. En Mars, nous allons lancer un projet dans ce sens et chaque mois, un auteur burkinabé sera mis à l’affiche et aura l’occasion de venir présenter son livre.

En marge de ces activités qui sont programmées tous les mois ou chaque deux mois, le Goethe-Institut soutient des cercles d’initiatives et accompagne des événements qui ont lieu chaque année tels que le SOKO-Festival dont l’ouverture officielle de cette année a eu lieu chez nous. Il y a de nombreuses initiatives semblables qui méritent notre soutien et je crois qu’il est important de permettre une collaboration avec des artistes allemands. Comme exemple, nous avons le projet mis en place conjointement par le Tanzhaus Düsseldorf en Allemange et le CDC grâce auquel un danseur togolais Koffi Afiadegniban et un danseur burkinabè Olivier Kiswinsida ont pu collaborer et exécuter une magnifique prestation.

Une autre innovation de Goethe-Institut, c’est la mise en place de la bibliothèque parce que le secteur de la littérature nous tient particulièrement à cœur. La bibliothèque met donc à disposition des livres en allemand et également des livres en français et en anglais. L’affluence à la bibliothèque et à la salle d’exposition est toujours permanente et je trouve que cela constitue l’essence même du Goethe-Institut : un espace culturel où les gens viennent pour échanger, se rencontrer et trouver des idées ensembles. Le bar et le wifi gratuit que nous avons installés est aussi une manière pour nous de soutenir les artistes et le développement culturel.

Et vous accompagnez aussi financièrement des initiatives privées. Cet accompagnement se fait selon quels critères ?  

Je dirai que c’est toujours bon d’avoir un bon projet et des partenaires reconnus dans le secteur. C’est aussi s’assurer de la crédibilité et de l’honnêteté des porteurs de projets. Nous recevons de nombreuses demandes de soutien et d’accompagnement technique mais nous examinons chaque demande en fonction de certains critères tel que l’expérience dans le domaine culturel ou si nous avons déjà collaboré.

Il y a certaines structures partenaires telles que l’espace Gambidi ou le CDC avec lesquelles nous collaborons beaucoup. Cependant pour une demande de nouveau partenariat, nous préférons aller petit à petit. Cela va du soutien financier à des dons en équipements et en matériels techniques.

A part les initiatives que vous avez déjà énumérées, le Goethe-Institut a-t-il d’autres projets en vue ?

Le Goethe-Institut se compose de différents départements dont le celui de langue, de coopération linguistique, l’administration, la culture et pour finir l’information et la bibliothèque. Ce dernier département est une innovation récente qui est toujours en installation.

Nous préparons également un projet en collaboration avec l’association Enter Africa pour lequel nous avons commandé des casques de réalité virtuelle et malheureusement je ne peux pas encore trop en parler pour le moment. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il s’agira de mettre en place une caravane qui se déplacera dans les périphéries de la ville pour expérimenter la conception du burkinabè lambda sur la réalité virtuelle et aussi apporter un regard nouveau au design des jeux vidéo.

Il y a également un projet concernant les musées et les expositions que l’ancienne directrice avait mis en place et que l’institut maintiendra mais avec quelques petits changements. Cela concerne le secteur des formations dans le domaine de la culture. Pour aller plus loin, nous avons donc fait un appel à projet de 09 participants pour une formation d’un an sur les expositions. Ce cadre nous a alors permis d’offrir un stage de 05 semaines à la Galerie Cécile Fakhoury à Mariam Sougue. Les participants à ce projet sont des directeurs d’espaces culturels, des artistes plasticiens tous engagés pour l’amélioration de l’apprentissage dans le secteur culturel.

Mais nous voulons aussi promouvoir des projets qui ne se déroulent pas nécessairement à Ouagadougou, mais aussi dans des quartiers périphériques. A la fin de l’année dernière, grâce au soutien de l’ambassade d’Allemagne, nous avons pu mettre en œuvre un très beau projet avec des acteurs culturels locaux et des acteurs de la société civile.

Comment un institut comme le vôtre a vécu et continue de vitre la pandémie de la COVID19 ?

La Covid 19 a obligé le Goethe-Institut à entreprendre une digitalisation des cours de langue et des événements culturels en cours. Cela faisait déjà partie de nos procédures mais la Covid19 a rendu cela nécessaire. L’année dernière, nous avons organisé un festival numérique exceptionnel avec de nombreux participants issus du monde de l’art, de la culture et de la société civile en Afrique : Latitude.  Il est vrai qu’avant la Covid, on ne se concentrait pas forcément sur le contexte digital. Mais à présent le blogging, la réalité virtuelle, la lecture et les cours en ligne sont des choses beaucoup plus courantes. Je peux donc dire que la Covid19 était un coup de pression pour la mise en place de ce contexte digital.

Bon nombre d’espaces culturels à travers le monde ont fortement et négativement été affectés par la Covid et le Goethe-Institut a trouvé bon d’apporter son soutien. C’est pourquoi en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères de Allemagne, le Goethe-Institut a mis en place un fonds de solidarité (Hilfsfond) aux artistes et aux lieux culturels vraiment affectés par la crise de  la Covid19. Le Burkina Faso a participé au programme avec 02 espaces culturels en 2020 et 03 espaces culturels en septembre 2021. Nous avons offert notre soutien à l’espace Gambidi pour l’installation d’un système solaire et également du matériel à de nombreux artistes pour l’amélioration de la situation culturelle.

Vous parlez avec tant d’enthousiasme de vos projets et on vous sent très à l’aise dans votre nouvelle fonction. Seriez-vous amoureux de la culture burkinabè ? Que vous inspire-t-elle ?

Je dirais que la diversité des ethnies, des langues et des religions au Burkina participe à l’évolution de l’imaginaire et fait naître un espoir. De ce que j’ai pu observer depuis mon arrivée ici, c’est que les gens sont très sympathiques et hospitaliers. J’apprécie le fait que les gens se disent bonjour et entretiennent fréquemment des échanges même avec les étrangers. Ma collègue, l’ancienne responsable du département de la coopération linguistique a même dit s’être automatiquement senti chez elle à son arrivée au Burkina. Tout cela pour dire que j’ai vraiment été surpris de l’accueil qui m’a été réservé ici.

Je trouve également cela intéressant que le secteur culturel soit autant diversifié et vivant ici. J’apprécie les initiatives mises en œuvre et le professionnalisme dont fait preuve les acteurs. Je suis surpris par l’ouverture d’esprit des gens ici et par la résilience qu’ils ont à toujours  organiser des événements culturels malgré la situation sécuritaire du pays. J’en suis vraiment ravi.

Propos recueillis par la rédaction. ©www.noocultures.info / février 2022

Retranscription : Nadège Nikiema (Stagiaire)
Relecture : Dzifa Amée Atifufu

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LA REDACTION