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Vingt ans après Temps de chien, le roman qui l’a révélé au public (prix Marguerite-Yourcenar et Grand Prix littéraire de l’Afrique noire 2001), l’écrivain camerounais Patrice Nganang redonne la parole à son canidé favori dans Mboudjak, les aventures du chien-philosophe. L’histoire se situe à Yaoundé, au sein de la famille Kemajou, dont Mboudjak observe et commente la vie quotidienne. Le père, Massa Yo, gère une petite affaire d’import-export « depuis que sa sœur panaméenne [a] commencé à lui envoyer de la ferraille et autres congelés de Belgique à écouler au pays ». Ma Mado, la mère, a monté un commerce de vente à emporter. Les enfants, Soumi et Demoa, fréquentent le lycée.

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Las de subir les turpitudes du quartier populaire de Madagascar, où le système D confine au banditisme, les Kemajou déménagent dans le secteur plus chic de Santa Barbara. Mais leur progression sociale demeure symbolique. Dans les faits, le couple se heurte à la complexité des règles tacites du voisinage, allant de la soumission au chef de quartier jusqu’aux ingérences incessantes dans la vie privée : « Si tu souris trop avec ton voisin, tôt ou tard il va venir t’emprunter de l’argent. »

Par-dessus tout, la famille doit se confronter aux carences journalières d’une capitale affectée par des coupures d’eau, une voirie déficiente, une administration tout à la fois autoritaire et corrompue. « Dans ce pays, il faut toujours être prêt à tout […] Vraiment, être Camerounais, c’est un métier », résume Mboudjak, persifleur.

Le spectre de la guerre civile

En réalité, grâce à ce dispositif d’un narrateur à quatre pattes censé ne pas voir plus loin que le bout de son museau, le livre passe progressivement d’une suite d’anecdotes teintées d’ironie amère à l’état des lieux accablant d’un pays en déliquescence. Au fil des pages, l’auteur évoque des problèmes récurrents, comme le développement des églises de réveil ou les a priori tribalistes qui fracturent la société, jusqu’à se livrer à une charge en règle contre le pouvoir en place. « Ce pays est terrible, hein ? Biya a tué le Cameroun ! », lance sans retenue Mama Mado, s’en prenant au vieil autocrate en place depuis près de quarante ans.

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Au fond de ce vaste tableau se dresse le spectre de la guerre civile qui perdure depuis 2017 dans les régions anglophones de l’ouest, endeuillant cruellement le pays. Pour l’évoquer, Patrice Nganang convoque acteurs et victimes du conflit, qui s’expriment tour à tour en français, en pidgin english ou en langue medumba. C’est que l’auteur veut résolument prendre à partie ses lecteurs – les Camerounais en tête – et s’exprimer à leur manière afin de les obliger à regarder la situation en face. Il refuse l’attitude consistant à passer sous silence la gravité du conflit et à faire le dos rond en attendant un changement politique qui, de son point de vue, n’adviendra jamais.

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LA REDACTION