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Un grain unique. L’une des plus belles voix d’Afrique. A nulle autre pareille. Ebréchée, éraillée, comme brouillée par la mélancolie, une fêlure indicible, poignante même quand elle rit. Joint par téléphone un soir de février, chez lui à Lisbonne, entre deux coups de fourchette, Bonga se marre quand on lui parle de sa voix. D’où lui vient-elle ? C’est un mystère, mais elle fait la fierté du chanteur angolais qui n’ignore pas qu’elle reste son premier atout. Elle produit encore son effet dès les premières mesures de Kintal da Banda, son nouvel album, qu’il présentera à Paris sur la scène de La Cigale le 4 mai. On y entend aussi Camélia Jordana, invitée sur un titre vantant la gastronomie de l’Angola.

A l’instar des précédents, Bonga a puisé pour cet album son inspiration dans les rythmes traditionnels de ce grand pays ouest-africain (alors colonie portugaise) où il est né, le 5 septembre 1942, sous le nom de José Adelino Barcelo de Carvalho. On y reconnaît le semba, que les esclaves bantous emportèrent avec eux au Brésil à partir du XVIe siècle et d’où naîtra la samba. « Je veux que notre jeunesse reste en contact avec cet héritage, ces rythmes, nos instruments traditionnels, notre langue », explique Bonga, star internationale qui n’oublie jamais d’où il vient. Kintal da Banda (« “la cour de la maison” en kimbundu, cet endroit privilégié où j’ai tant appris, où les anciens nous transmettaient leur vision de la vie ») résonne comme un symbole de carrière bien accomplie, cinquante années après son premier album, Angola 72, enregistré sur le label Morabeza, à Rotterdam.

Engagé dans la lutte pour l’indépendance

C’est d’ailleurs dans la ville néerlandaise que Bonga ira chanter dans la foulée de son concert parisien, en mai. Il y avait débarqué dans les années 1960, après avoir quitté précipitamment le Portugal, où il menait une brillante carrière d’athlète (champion du 400 mètres) quand la police politique portugaise avait découvert son engagement dans la lutte pour l’indépendance de l’Angola (indépendance qui ne sera obtenue qu’en 1975).

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« J’y ai rencontré beaucoup de Cap-Verdiens exilés, dont Djunga D’Biluca, avec qui je suis toujours en contact, se souvient-il. Un grand monsieur, engagé dans la lutte pour l’indépendance du Cap-Vert. Il avait créé le label Morabeza sur lequel il signait des vedettes de la communauté [Luis Morais, Voz de Cabo Verde, Bana…]. Après m’avoir entendu chanter dans une fête, il m’a fait enregistrer mon premier album. » Après ce premier disque en 1972, il enchaîne avec Angola 74, contenant le fameux titre Sodade, une composition de Luis Morais et Amandio Cabral qui rendra célèbre Cesaria Evora deux décennies plus tard.

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LA REDACTION