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Exposition. Ce que voulait Raymond Depardon, c’était surtout rendre à l’Algérie les photos qu’il y a prises en 1961. On est alors en 2018, l’anniversaire de l’indépendance du pays approche et le photographe se replonge dans ses clichés de l’époque. Il a 19 ans en 1961 lorsqu’il est envoyé par l’agence Dalmas en Algérie, mais aussi en Suisse, où se négocient les futurs accords d’Evian qui mettront fin à la guerre le 18 mars 1962.

Soixante ans plus tard, Raymond Depardon veut trouver un regard algérien qui mettrait des mots sur son travail. Sur les conseils de sa femme, la réalisatrice Claudine Nougaret, il prend contact avec l’écrivain Kamel Daoud qui accepte. Un projet de beau livre est alors porté par Barzakh, la maison d’édition algérienne de l’auteur. C’est elle qui proposera l’exposition éponyme à l’Institut du monde arabe : « Raymond Depardon/Kamel Daoud. Son œil dans ma main. Algérie 1961-2019 ».

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Le résultat est une plongée dans le bleu de la Méditerranée, couleur unissant les salles de l’exposition, où l’on découvre quatre-vingts photographies en noir et blanc de Raymond Depardon avec, en miroir, des textes inédits de Kamel Daoud qui disent autant l’histoire que l’Algérie contemporaine.

Alors que la plupart des photos de l’époque racontent la violence de la guerre ou la joie de l’indépendance, Raymond Depardon donne à voir en 1961 cette période de l’entre-deux

Les images de l’année 1961 sont exceptionnelles. Alors que la plupart des photos de l’époque racontent la violence de la guerre ou la joie de l’indépendance, Raymond Depardon donne à voir cette période de l’entre-deux. Chacun sait que l’indépendance de l’Algérie est acquise : le référendum sur l’autodétermination a eu lieu quelques mois plus tôt. Se dégagent de ces images une tension et une attente, communes à ces deux mondes qui vivent côte à côte, s’asseyent sur les mêmes bancs, marchent sur les mêmes trottoirs sans jamais se regarder. Contraste saisissant de ces femmes, certaines habillées à l’européenne, d’autres vêtues du costume traditionnel algérois devant la même vitrine. Les sigles OAS peints sur les murs, les bus renversés, les magasins et immeubles à vendre disent les derniers feux de la guerre.

La dureté qui marque cette séquence tranche avec celle consacrée aux pourparlers d’Evian, autre témoignage historique rare. Depardon est alors accrédité pour suivre, côté algérien, le premier round de discussions entre la France et les représentants du gouvernement provisoire de la République algérienne, du 20 mai au 13 juin 1961. Dans la villa du Bois-d’Avault, près de Genève, il immortalise l’élégance et les sourires de la délégation algérienne qui négocie les termes de la future relation avec la puissance coloniale.

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LA REDACTION