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Hasard du calendrier ? ou juste une coïncidence ? impossible. Il y a là un signe du destin qui nous appelle et qui veut nous réveiller. Nous ne pouvons pas passer à côté de signes de cette importance. A quelques jours près, une pièce de théâtre en 4 actes s’est déroulée sous nos yeux ébahis.
Acte I
Il y a d’abord la diffusion sur la plateforme digitale de l’Association des Rencontres Méditerranéennes du Cinéma et des Droits de l’Homme ( ARMCDH), d’un film OVNI, intitulé « De quelques événements sans signification » réalisé en 1974 par Mostapha Derkaoui suivi d’un débat de haut niveau orchestré par cette même association et donnant la paroles à 2 sauveurs de notre patrimoine cinématographique, les bien nommés Léa Morin, programmatrice, commissaire d’exposition et chercheuse indépendante et Ahmed Boughaba, Critique de cinéma, Journaliste pour raconter l’incroyable destin du film cité auparavant que l’on croyait perdu à tout jamais et qui a ressuscité grâce à de la persévérance et de l’acharnement.
Acte II
L’ouverture tant attendue des salles de cinéma après plus d’une année de fermeture. Ces temples tant regrettés qui disparaissent au fur et à mesure et qui laissent derrière eux des orphelins spectateurs abandonnés cherchant à tout prix à sauvegarder ces monuments qui ont abrité les émois de tant d’enfants et des plus âgés et qui ont permis à des peintres et des architectes de fusionner leur art avec le cinéma pour créer une ambiance unique en son genre.
Cinéma Caméra à Meknès
Acte III
Le décès d’un des plus grands journalistes au Maroc : Khalid Jamaï. Un des rares journalistes resté fidèle à ses convictions premières et ayant porté un regard vrai et vigoureux sur notre cher pays.
Acte IV
Le film de Nabil Ayouch, « Haut et fort » est sélectionné en compétition officielle du 74èmeFestival de Cannes.
Ces 4 actes sont des événements majeurs qui confirment encore une fois l’importance du Cinéma dans nos vies. Ils rappellent aussi aux Marocains et aux citoyens du monde que le Cinéma marocain existe et qu’il fournit et fournira encore un cinéma fort avec des idées innovatrices et des jeux d’acteurs transcendants grâce à des réalisateurs d’une sensibilité unique et universelle.
Mais, me diriez-vous, quel est le rapport du 3èmeacte avec les autres. Quel rapport entre le décès d’un journaliste avec le Cinéma ?
Justement ce lien peut être résumé à un film. Le Cinéma impacte notre vie. Il est le miroir de nos idées, de nos coups de cœur, de nos révoltes etc. Le lien entre le Cinéma et Khalid Jamaï s’intitule « De quelques événements sans grande signification ».
Un titre qui interpelle et se veut ironique voir provocateur car contrairement à ce qu’insinue son titre, il fait référence à des événements hautement décisifs pour la société Marocaine de l’époque mais celle d’aujourd’hui également.
En effet, il raconte l’histoire d’une jeune équipe de tournage dirigée par un réalisateur interprété par un acteur d’une grande sensibilité, Abbas Fassi-Fihri qui parcourt la ville de Casablanca et qui interroge les jeunes par rapport à leurs attentes du Cinéma et c’est à ce moment là que quelques personnes interrogées parlent de leur envie de films qui touchent leur société, qui parlent de la réalité, de la liberté d’opinion et que d’autres disent que le cinéma (culture) n’est pas prioritaire pour une société qui souffre de misère, de chômage etc.
Le film est réalisé d’une manière très originale basée sur des Close-up recentrés sur les visages des acteurs, nous nous sentons proches d’eux (Il y a beaucoup de « Cassavetes » dans ce film) , nous vivons avec au sein des bars de la ville, nous écoutons leurs discours, nous assistons aux bagarres, aux meurtres, aux rafles. On remarque une vivacité dans la jeunesse marocaine, créative qui veut aller loin mais nous ressentons par la même une sorte d’atmosphère lourde qui les empêche d’atteindre leurs rêves. Ce film est un questionnement sur l’impact du cinéma sur la société. Est-il nécessaire ?
Dans ce film, Khalid Jamaï est présent et nous nous posons question à plusieurs reprises: Est-ce bien Khalid Jamaï ? Oui c’est bien lui, il est bien présent aux côtés de Mohamed Derham et de Mohamed Zefzaf entre autres. On le reconnait à sa stature, à sa manière particulière de tenir sa cigarette, à cette moustache rebelle et fière mais aussi à ce regard insoumis. Finalement, quand on revisite la vie de militant de Jamaï, on est vite rattrapés par la logique de sa présence dans ce film.
Ce film est un chef d’œuvre à plus d’un titre, pour sa forme, son contenu, la précocité de ces réalisateurs mais aussi par ce souffle de liberté qu’il procure, par cette mise en avant de la femme marocaine dans toute sa beauté et sa soif d’émancipation.
« De quelques Evenement sans signification » est à inscrire dans le musée du Cinéma marocain en cours de création. Il doit être enseigné à tous les jeunes marocains qu’ils soient étudiants en Cinéma ou pas. Il doit faire l’objet de présentations dans les cinémas, les cinéclubs.
Des articles doivent l’analyser de fond en comble. Son réalisateur, ses acteurs doivent être salués et honorés dans tous les festivals. Des livres doivent être produits pour l’expliquer d’avantage. Des émissions TV, radios, podcasts doivent en parler à longueur de journée. Des Tee-shirts doivent exposer l’effigie de Mostapha Derkaoui et de ses acteurs.
Tout cela pour vous dire que cette pièce qui s’est jouée devant nous en 4 actes nous alerte sur l’importance de notre cinéma et l’urgence de le préserver et de le mettre en avant. De nombreuses pépites marocaines doivent exister, enfouies quelque part dans des studios, des salles de montage.
Il est temps de remettre sur la table l’existence de la Cinémathèque Marocaine qui nous sauvera d’une maladie incurable qu’on appelle « La perte de mémoire et d’identité ».
Un Article de Abbas Mseffer
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