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Avant tout, son nom. Ce qui n’est en réalité pas si simple : « Sur ma carte d’identité, c’est Mwanza Mujila pour le nom. Fiston, pour le prénom. Mais ma famille m’appelle toujours Mwanza, ou par un surnom. Moi-même, je considère Fiston plutôt comme un surnom pour me différencier de mon père dont je porte le nom », explique diligemment Fiston Mwanza Mujila au « Monde des livres ». Le romancier, qui vit à Graz, en Autriche, est de passage, fin septembre, à Paris ; pour présenter son deuxième roman, La Danse du Vilain (après Tram 83, Métailié, 2014, Grand Prix du premier roman de la Société des gens de lettres). Et, dans cet exubérant récit des errances à travers une cité minière d’enfants des rues, d’un écrivain autrichien, d’une madone (au moins) bicentenaire et de bien d’autres personnages encore, chacun sait le poids d’un nom. Que, par exemple, « certains gars coupent les bières sans regarder ou cambriolent car destinés par le nom qu’ils arborent ».

Lié par son nom peu commun aux soubresauts du Zaïre

Aussi n’est-on pas surpris que, dans le petit salon de l’hôtel où on le rencontre, Mwanza Mujila insiste sur l’histoire de son nom. « Je suis né à l’époque de “l’authenticité”, avance l’écrivain congolais. C’était un mouvement économique, politique et culturel de “zaïrisation” lancé par Joseph-Désiré Mobutu [1930-1997]. Il était interdit d’arborer un prénom chrétien, c’est-à-dire un prénom de l’Occident. Lui-même est devenu Mobutu Sese Seko, tandis que le Congo-Kinshasa fut rebaptisé “Zaïre”. » Quand la politique d’authenticité s’est essoufflée, ses parents lui ont demandé s’il voulait un « vrai » prénom. Réponse du jeune Fiston : « Cela ne m’intéresse pas. » Ce qui l’intéressait, en revanche, c’est d’être lié par son nom peu commun aux soubresauts du Zaïre. Et surtout, dit-il avec un franc sourire, « le fait de partir d’emblée avec un nom en lambeaux ».

Car avoir un nom qui n’en est pas un permet tout un tas de choses. Se réimaginer, par exemple. « Quand quelqu’un a un nom amoché, affirme Fiston Mwanza Mujila, on peut lui forger d’autres noms jamais définitifs, qui l’accompagnent dans les différents moments de sa vie. » Lorsque l’écrivain était enfant, c’était Mwanza Nkongolu (« arc-en-ciel » en luba) ou Tshimankinda (« héros »). A la sortie de Tram 83, Mukalenga (« souverain »). Il y a aussi le nom qu’il s’est lui-même choisi : Mwanza Nkangi, Mwanza Mbala – « serpent mâle » et « serpent femelle ». Dans la culture du peuple luba, leur rencontre fait naître l’arc-en-ciel, lequel « arrête la pluie et sa mégestion », écrit-il dans un poème intitulé « Kasala pour moi-même II » (non publié).

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LA REDACTION