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Le Kényan Peter Murimi, auteur d’un documentaire sur les difficultés d’un couple gay à se faire accepter dans son pays, espère que l’industrie locale du cinéma puisse jouer son rôle dans la promotion des droits des LGBTQ, comme l’a fait Hollywood. Dans I am Samuel, projeté au Festival du film de Londres ce week-end, Peter Murimi aborde la question de l’homosexualité face au conservatisme religieux et culturel en Afrique subsaharienne.
Pour lui, porter plus de gays à l’écran sur le continent, tout comme les mobilisations pour décriminaliser l’homosexualité, peut faire bouger les lignes. « Hollywood a joué un rôle très important pour les droits des LGBTQ aux Etats-Unis, c’est indéniable », a déclaré le réalisateur à l’AFP en marge du festival : « On pouvait simplement voir plus de gays à la télévision et à Hollywood, et peu à peu c’est devenu bien plus facile pour eux. On dit que “si vous arrivez à gagner les cœurs, la loi devient caduque” », souligne-t-il, estimant que les films peuvent jouer ce rôle.
Plusieurs fois primé, Peter Murimi, 42 ans, qui n’hésite pas à aborder des problèmes de société complexes, n’est pas sûr d’obtenir l’autorisation de diffusion pour I am Samuel dans son pays. Il le projette actuellement à l’étranger mais pense que le Kenya devient plus tolérant, même si les protagonistes de son documentaire ont dû déménager pour des questions de sécurité. « Ces dix dernières années », les droits des LGBTQ « ont connu des avancées majeures », insiste-t-il : « On fera simplement de notre mieux, espérons que les Kényans le verront, c’est ça que nous voulons. »
Bataille judiciaire
L’accueil reçu par les derniers films africains sur des relations gays lui donne bon espoir. En 2018, Rafiki, une histoire d’amour entre deux femmes, a d’abord été interdit par les censeurs au Kenya, avant qu’ils ne reviennent sur leur décision ; et le film s’est joué à guichets fermés. L’an dernier, la coproduction britannico-nigériane Walking With Shadows, sur les conséquences d’une relation entre deux hommes, a été acclamée par la critique malgré une sortie en salles limitée à Lagos.
Le film de Peter Murimi raconte l’histoire de Samuel et Alex, un couple issu d’un milieu modeste dans la communauté queer de Nairobi. Il sort au moment où est contestée en justice la loi datant de l’époque coloniale britannique qui punit les relations charnelles « contre-nature » d’une peine pouvant aller jusqu’à quatorze ans de prison. La Haute Cour a maintenu la loi l’année dernière, mais des militants ont formé un recours contre cette décision.
Pour Peter Murimi, le combat doit venir des Kényans. Dans son pays, les homophobes reprochent aux gays d’adopter « un comportement occidental » et perçoivent les appels à la tolérance venus de l’extérieur comme l’imposition d’une culture exogène. Son documentaire n’aborde pas la bataille judiciaire en cours mais se concentre plutôt sur la lutte de Samuel pour faire accepter sa relation à sa famille, qui vit dans une ferme.
Le réalisateur, hétérosexuel qui se considère comme un allié de la communauté LGBTQ, explique qu’il voulait créer quelque chose « qui parle aux parents » également, afin d’élargir son public. « Ce film y parviendra, j’espère, parce que ce n’est pas un “nous contre eux”. Il est très nuancé, très équilibré, c’est histoire d’une famille qui a du mal avec cette question : avoir un fils gay », explique-t-il, estimant que « de nombreux pères qui ont des enfants gays se retrouveront dans ce film, ou tous ceux dont les frères ou sœurs sont gays ».
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