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Cela devait être une saison culturelle hors normes promise par le chef de l’Etat Emmanuel Macron. Une façon de montrer l’Afrique autrement. Lorsque, en avril dernier, la Saison Africa 2020 annonce qu’elle ne pourra se tenir aux dates prévues, de juin à décembre, coronavirus oblige, les spéculations sont allées bon train. L’opération panafricaine et pluridisciplinaire allait-elle disparaître comme tant d’autres événements ? Rayée des agendas par le Covid-19 ?
En juin, l’Institut français a coupé court aux rumeurs en annonçant son report à décembre 2020 pour qu’elle s’étale jusqu’à mi-juillet 2021. Et pour sa commissaire générale, N’Goné Fall, « il n’a jamais été question d’annuler : ni à l’Elysée ni dans les ministères, ni dans les institutions françaises, ni en Afrique ». Le jeune artiste et dramaturge congolais Sinzo Aanza abonde dans son sens, rappelant que « sur le continent, on est habitué aux aléas, on sait qu’il faut s’attendre à tout et on ne se laisse pas abattre ». Ses deux pièces, Plaidoirie pour vendre le Congo et Que ta volonté soit Kin ont d’ailleurs été reprogrammées en décembre au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, et en janvier 2021, à L’Odéon-Ateliers Berthier.
Malgré la crainte de nouvelles vagues épidémiques, les quelque 200 événements ont donc été réinscrits au calendrier. Quinze « quartiers généraux », petits centres d’échange et de rencontres animés par des équipes africaines, devraient être installés notamment à Roubaix, à Metz, à Bobigny, à Pointe-à-Pitre et à Cayenne. A ces dispositifs s’ajouteront quelques temps forts, comme un défilé conçu par la chanteuse malienne Fatoumata Diawara en ouverture de la Biennale de la danse de Lyon, fin mai 2021, après le lancement fin février au musée du Quai Branly – Jacques-Chirac d’un forum baptisé le Sommet de septembre.
« Des accrochages Zoom ! »
Peu de projets sont finalement passés à la trappe, hormis quelques spectacles au Théâtre national de Chaillot et à la Philharmonie de Paris. Aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois, en octobre, une seule table ronde est désormais programmée sur les cinq originellement annoncées. Mais face à ces quelques annulations, d’autres manifestations ont aussi été maintenues en amont de la saison, comme l’opéra Le Vol du Boli d’Abderrahmane Sissako et Damon Albarn, programmé en octobre au Théâtre du Châtelet. Si ce spectacle a perdu le label « Africa 2020 », il en a conservé la subvention. Plus globalement, d’ailleurs, les bailleurs de fonds ne font pas défaut puisqu’un seul des quinze mécènes de la Saison a transformé une partie de sa contribution financière en mécénat de compétence.
Le festival Génération A, reporté à juin 2021 au Théâtre Paris-Villette, a certes dû renoncer à l’apport de 10 000 euros de la Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens (Adami), mais il a été maintenu. Pour ses organisateurs, il était d’autant plus crucial de le préserver, qu’« une grande partie des artistes n’ont jamais été présentés en France ». Alors, aux yeux de son directeur, Adrien de Van, « rien n’aurait été plus catastrophique que de ne rien faire ou de mal faire ».
Face à la pandémie, certains avaient même anticipé le report de leurs événements sans attendre la décision de l’Institut français. C’est le cas de l’Echangeur-CDCN, à Château-Thierry, qui a très tôt décalé à décembre sa programmation d’une vingtaine de spectacles, d’expositions et de projections de films conçue avec la danseuse chorégraphe burkinabée Irène Tassembédo et le Grin des arts vivants de Ouagadougou.
Pour Annabelle Ténèze, directrice des Abattoirs de Toulouse qui chapeaute, elle, deux événements en décembre et juin, « ne pas monter les expositions sous prétexte que les artistes ne pourraient pas se déplacer aurait été comme une double peine ». La première exposition d’artistes femmes, prévue en décembre avec pour curatrice l’Ethiopienne Misla Libsekal, comporte une majorité de photos et de vidéos, faciles à envoyer par Internet. « Dans le pire des cas, on fera des accrochages Zoom ! », poursuit donc Annabelle Ténèze, prête à réagir. L’annulation d’une exposition en partenariat avec un musée américain, dont le pays est durement frappé par la pandémie, a d’ailleurs permis d’ajouter in extremis en février un accrochage sur le thème de La Revue noire qui fête ses trente ans. « C’est presque un bonus », sourit Annabelle Ténèze qui profite du chamboule-tout pour dilater sur tout le semestre son programme de rencontres dédiées à l’Afrique.
« Format plus pertinent »
Partout, on réajuste donc les projets au gré des nouvelles contraintes sanitaires ou budgétaires. « On sera davantage dans une dynamique de résidence que de grande exposition avec des pièces importantes, confie pour sa part Jean-Christophe Levassor, directeur de la Condition publique, à Roubaix, qui a invité le collectif ghanéen Exit Frame. « Les artistes pourront interagir avec le tissu associatif et artistique local. C’est un format peut-être plus pertinent avec la crise que nous vivons », ajoute-t-il.
Au Musée d’art moderne de la ville de Paris, où les commissaires française Odile Burluraux et angolaise Suzana Sousa orchestrent « The power of my hands », une exposition de seize artistes femmes, il faudra reconfigurer une pièce sonore de la Sud-Africaine Gabrielle Goliath qui s’écoute normalement sur des écouteurs suspendus au plafond. Si le projet itinérant des Cuisines africaines, prévu dans six villes, entend bien démarrer en décembre à Marseille, où des mesures sanitaires strictes entrent en vigueur ce lundi, le festival Lyon Street Food mené par la cheffe gabonaise Anto a été reporté à la fin juin 2021. Avec l’espoir d’un retour à la normale d’ici là.
Reste toutefois à régler l’épineuse question des visas. Leur obtention est plus compliquée depuis le ralentissement des activités consulaires et la fermeture des frontières dans certains pays africains. Pour parer les difficultés et faciliter les dérogations, une cellule ad hoc a été montée début septembre par le Quai d’Orsay, la Rue de Valois et le ministère de l’intérieur. Des premiers visas ont ainsi pu être délivrés aux comédiens du Vol du Boli. Mais une curatrice l’admet, « même avec la meilleure volonté, on ne peut débloquer les dossiers aussi facilement ».
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