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www.noocultures.info – Boukary, de son vrai nom Gilles Kacou Romuald, fait tordre de rire les spectateurs et téléspectateurs à chacune de ses apparitions sur scène. Surnommé « L’homme qui invente des mots plus vite que son ombre », il est l’une des stars montantes de l’humour en Afrique. 

C’est bien lui, l’Ivoirien, qui prend l’accent Burkinabé et qui l’imite à la perfection ; c’est aussi lui qui s’est imposé par son personnage de villageois naïf, qui prend les mots de la langue française, les malaxe et les rend loufoques. Sa principale source d’inspiration est la famille africaine : il l’écrit, la décrit, et interprète ses multiples personnages. Tous ces éléments sont devenus, au fil des années, sa marque de fabrique et lui ont valu sa belle réputation.

Dans sa performance, Boukary déballe le quotidien difficile que vivent certaines personnes, un quotidien fait de misère et de pauvreté, mais pour lui, il vaut mieux toujours en rire.  Avec son style particulier et son humour décapant, il traite tous les problèmes avec dérision, sarcasme.

Et ce soir-là, Boukary, a servi à la population de Bingerville (une ville située à quelques kilomètres d’Abidjan, la capitale ivoirienne) où la Caravane de “Bonjour 2019” a posé ses valises, cette performance décapante qui se révèle être le rendez-vous annuel du fou-rire ivoirien.

Avec une plume fine et personnelle, Boukary dépeint avec finesse son personnage haut en couleurs, drôle, naïf et frais. Et c’est avec son charisme subtil qu’il a émerveillé le public de Bingerville sorti nombreux rencontrer son talent et ses histoires drôles. Déjà, son entrée sur scène, avec son air étonné et un rire saccadé annonce une blague tonitruante, une sorte d’arrêt sur image sur une situation vécue qu’il partage ironiquement avec son public.

Dans son costume jaune-or qui symbolise la puissance et l’énergie débordante qui caractérisent son entrée sur scène, il ouvre son numéro avec un élément déclencheur :  l’argent qu’il remet au parrain de la cérémonie. Avec maestria, il transforme cet acte ordinaire en une blague extraordinaire. “C’est mon transport, c’est tout ce que j’ai sur moi. Hé Boukary, tu n’as pas beaucoup et tu donnes.” Et faisant sérieusement le pleureur, il supplie le premier magistrat de cette commune de garder cette somme dans l’espoir qu’elle se multipliera. L’auditoire ne s’est pas fait prier pour rire aux éclats. Des rires à l’unisson comme s’il les chatouillait. Sacré Boukary ! Blague après blague dans lesquelles l’humour se mêle à la comédie, Son public est embarqué et envoûté.

Tout au long de son show, il ne manque pas de fustiger certains comportements qu’il juge inappropriés et incorrects dans nos sociétés modernes foncièrement portées sur la matière : il évoque l’attachement d’un pan de la société aux prophéties de certains pasteurs communément appelés hommes de dieux, ou encore ces personnes crédules et leur quête permanente de miracle et qui se font régulièrement arnaquer, et ceux qu’on appelle les “bonbons pasteurs” qui vendent des illusions aux désespérées.

Des sujets les plus tristes, Boukary construit une histoire hilarante. Il dévoile avec tact, la misère grandissante de certaines familles démunies. Des familles nombreuses qui partagent, en fuise de maison, une seule pièce appelée “entrer-coucher”. Et malgré la situation pathétique, Koukary arrive à arracher du rire chez le public. Et de lui on accepte tout sarcasme et parole acerbe. Et ce pour une simple et bonne raison. Car nous savons tous, qu’un comédien et surtout un comique est la voix des sans voix, le porte-parole des opprimés, des oubliés. En se servant de l’humour, l’essentiel du message est absorbé par les fous-rires. L’expression, ‘’Plus on est de fous, plus on rit”, revêt avec Boukary tout son sens. L’humour à la Boukary, on peut le dire aisément, est un “remontant d’un instant” qui permet de nous éloigner des soucis mais qui met le doigt sur nos plaies sociales, là où elles font mal. Le fou du roi a toujours dit vrai, et c’est avec l’humour que sa tête est toujours épargnée.

Boukary, nous fait rire en puisant dans nos misères. Comme pour dire qu’en Afrique, il n’y a pas que guerres et misères, en Afrique nous savons aussi rire de nous-mêmes.  C’est sa manière de nous offrir une caricature de notre société, de ces maux et de ses souffrances, c’est un miroir grossissant qu’il nous tend pour que dans la foulée du rire, la réalité soit encore plus éclatante.

On pourrait in fine emboîter le pas à John Petit-Senn qui estime que : « l’on soulage la misère d’une nation, et l’on oublie celle d’un obscur indigent parce que la gratitude d’un peuple fait plus de bruit et d’honneur que le Dieu vous bénisse d’un pauvre ».

Magnificate Loba (Stagiaire / Côte d’Ivoire)
NB : Article produit dans le cadre de la 1ère session de la formation en critique d’art organisée par l’Agence Panafricaine d’Ingénierie Culturelle – APIC

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LA REDACTION