[ad_1]
« L’Invention du colonialisme vert. Pour en finir avec le mythe de l’Eden africain », de Guillaume Blanc, préface de François-Xavier Fauvelle, Flammarion, 326 p., 21,90 €, numérique 14 €.
« La seule chose qui m’intéresse, c’est la protection des éléphants. » Ainsi se résume l’engouement pour le Tchad de Morel, le personnage principal des Racines du ciel, de Romain Gary (prix Goncourt 1956). Entre Sahel et Afrique centrale, l’écologiste « idéaliste » français est un héraut de la préservation d’une Afrique sauvage et primitive.
Des épigones de Morel, il y en a encore pléthore sur le continent africain. Des hommes venus d’Occident défendre des forêts et des montagnes, des girafes et des lycaons menacés d’extinction. Armes à la main s’il le faut. Leur mission est presque inchangée depuis l’époque coloniale. Elle consiste notamment à chasser des aires protégées les autochtones, considérés comme insensibles, étrangers même, à la beauté de cette biodiversité.
« De toutes les politiques qui signalent la continuité avec le temps des colonies, celles de la nature sont au premier rang », constate Guillaume Blanc. Dans L’Invention du colonialisme vert, l’historien de l’environnement déconstruit avec rigueur les récits diffusés par les puissantes organisations de conservation, qui présentent systématiquement l’Afrique comme une terre édénique en péril. A les écouter, « la nature africaine mériterait d’être préservée des Africains eux-mêmes », résume, dans sa préface, François-Xavier Fauvelle.
Populations locales criminalisées
Pour saisir les mécanismes de cette forme de conservation, l’auteur s’est rendu à plusieurs reprises dans le nord de l’Ethiopie, dans des villages dont les terres ont été intégrées au Parc national du Simien après l’expulsion des habitants. Comme dans la plupart des aires protégées du continent, les populations locales n’ont pas seulement été écartées : on les a criminalisées. Le chasseur traditionnel est devenu le braconnier ; l’éleveur et l’agriculteur des agents de l’érosion des sols et du surpâturage.
Les villageois n’ont pas les moyens de lutter. En 1963, l’Unesco et le Fonds mondial pour la nature (WWF) demandaient à l’Etat éthiopien d’« abolir tous les droits humains » dans le parc de Simien. Nombre d’« experts » de ces institutions sont en fait d’anciens administrateurs coloniaux et des chasseurs reconvertis dans cette conservation néocoloniale qu’ils vont structurer et imposer.
Il vous reste 37.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
[ad_2]
Lien de l’article original