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Improbable, c’est le mot qui caractérise le mieux ce récit déroutant de Hicham Lasri.
C’est l’histoire d’un homme, ni héros ni anti-héros, un homme banal, sans intérêt, rongé par des complexes religieux et sexuels, qui se fait voler son âme et qui part à sa recherche dans un périple glauque et surréaliste à la rencontre de personnages défigurés dans des décors invraisemblables dans lesquels il doit faire attention à ne pas perdre sa licence de citoyen.
C’est un récit viscéral au sens littéral comme au sens figuré. Viscéral, parce qu’on y retrouve les sécrétions et déchets du corps humains à tous les chapitres, jetés sans filtre comme pour dégoûter un lecteur pas assez motivé, viscéral aussi parce que Hicham Lasri y met de son être et de ses pensées intimes. On a l’impression d’assister à un cauchemar émanant directement de sa tête et l’on retrouve ses terreurs : l’administration publique, les fanatiques religieux, le makhzen, etc.…
Le récit a une structure très originale, jamais rencontrée pour ma part. Il suit un parcours de jeu vidéo dans lequel le personnage tente de passer les stages, entrecoupé de paragraphes dans lesquels l’auteur livre sa pensée et, au passage, réprimande son personnage et dénigre son lecteur suffisamment fou pour continuer à lire ce récit sordide et celui, trop formaliste qui a abandonné la lecture.
Ce roman est aussi riche en références artistiques diverses, musicales, de jeux vidéos mais aussi cinématographiques, ce qui rend sa lecture agréable dans le sens où le lecteur se livre à une petite chasse au trésor au sein du récit.
Ce roman me rappelle à la fois la nausée de Sartre et le procès de Kafka, un conte philosophique absurde à la sauce marocaine, sans filtre … Aucun.
En somme, un livre à conseiller à tous ceux qui aiment tellement le Maroc que ce qu’est devenu ce pays leur donne la nausée, à tous les nihilistes dégoûtés et frustrés de ne pas réussir à exploser les complexes et détruire les chaînes et à déconseiller à tous les conformistes et aux âmes sensibles.
Je vous aurai prévenu, si vous ouvrez ce livre, vous devez être prêts à tout …
Un article de Soukaina Bouziane
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