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L’avis du « Monde » –
À voir

Petit pays est probablement la meilleure adaptation cinématographique qui pouvait être faite du très beau roman du rappeur auteur-compositeur Gaël Faye (Grasset, Prix Goncourt des lycéens 2016). C’est tout à la fois son point fort et sa limite. De ce récit, évocation personnelle de la guerre civile qui a déchiré le Rwanda et le Burundi entre Hutu et Tutsi au début des années 1990, il reste l’essentiel : l’enfance, l’Afrique, la violence.

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Un jeune garçon, Gaby (Djibril Vancoppenolle), voit son univers exploser sous l’effet du divorce de ses parents et de la guerre. Effondrement de la cellule familiale et carnage à coups de machette se conjuguent pour lui indiquer son expulsion du paradis terrestre où les mangues se décrochent des arbres. « Si tu veux vivre ici, tu dois choisir son camp », lui lance un des amis avec lesquels il se réfugie dans un Combi VW déglingué pour protéger ce qui leur reste d’insouciance. Gaby ne veut pas choisir.

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Le dilemme de la violence

Eric Barbier (réalisateur de La Promesse de l’aube, en 2017) parvient à tisser une trame de ces deux fils. Michel (Jean-Paul Rouve) est un père de famille débordé de tous côtés par la gestion de son entreprise de construction, sa double vie sentimentale et le soin qu’il prend de ses deux enfants. Sa vision de l’Afrique est plutôt baba cool, éloignée de celle du colon moyen, même s’il peine à s’intéresser à ce qui fonde la haine entre les belligérants, renvoyant l’origine de leur querelle à une affaire de nez que les un auraient plus long et effilé que les autres. Il se plaît au Burundi ; son épouse rwandaise, Yvonne (Isabelle Kabano), à la fois lasse et frivole, s’y sent comme « une réfugiée ».

Dans son récit, l’auteur avait fait le choix d’une forme de litote. Du déchaînement de violence interethnique au Rwanda et au Burundi ne subsistait que ses conséquences tragiques sur les âmes, dont celle d’Yvonne, littéralement anéantie par l’horreur dont elle a été témoin. Plus suggérée qu’exposée, la guerre restait lointaine : un cadavre ici ou là, l’obligation de rester chez soi, un flash sur RFI, la tension qui monte imperceptiblement entre des gens qui jusqu’alors avaient parfaitement cohabité, jusque dans le Combi.

Pour le réalisateur, le dilemme était donc le suivant : devait-il lui aussi faire le choix de cette mise à distance de la violence ou la montrer ? En filmant un char à travers l’interstice d’un mur ou le ventre d’un hélicoptère survolant la maison familiale dans la nuit, il choisit une forme d’évitement. En revanche, il affronte la violence paroxystique de la fin et l’obligation pour le jeune héros de prendre parti dans un conflit. Contrat largement rempli.

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LA REDACTION