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La voix irisée de mélancolie, il chantait son pays, l’Angola. Le musicien, chanteur et auteur-compositeur Waldemar Bastos est mort, lundi 10 août, à Lisbonne, à l’âge de 66 ans, des suites d’un cancer contre lequel il se battait depuis un an. Il était l’un des artistes angolais les plus renommés. Réputation internationale conquise avec son quatrième album, Preta Luz, en 1998, dont la production est dirigée par Arto Lindsay, sur le label Luaka Bop, du rocker américain David Byrne.
Waldemar Bastos s’était installé au Portugal en 1985, après avoir quitté son pays natal, déchiré par la guerre civile qui dura près de trente ans, après l’indépendance, acquise en 1975. Il y avait bien tenté un retour, en 1992, suite à la signature d’accords de paix, chanté devant 200 000 personnes à Luanda, la capitale, mais il n’y était pas resté, pressentant le chaos dans lequel le pays allait à nouveau basculer : la guerre civile et la lutte entre les deux factions rivales MPLA et UNITA prendra fin en 2002 seulement.
Au Portugal, l’annonce de la mort de Waldemar Bastos a suscité de nombreuses réactions. Paulo Flores, un autre nom important de la chanson angolaise et le rappeur mozambicain General D lui ont rendu hommage dans la presse portugaise. « Il était essentiel, en particulier à la diaspora », nous déclare en écho, depuis Lisbonne, Batida (alias Pedro Coquenão), musicien, DJ, producteur et vidéaste d’origine angolaise. Saluant l’engagement de Waldemar Bastos « quand les choses ont mal tourné sur l’affaire Angola 17 » (dix-sept opposants au régime en Angola, dont le rappeur Luaty Beirão, condamnés à la prison en 2016 pour « rébellion »), il se souvenait de leur dernière rencontre dans un restaurant : « Nous avons fini par parler toute la nuit de l’histoire, de la culture et de la religion angolaises. Cette perte nous rappelle l’importance de garder en mémoire les choses très essentielles que seuls les anciens peuvent nous dire parce qu’ils étaient là. Je suis reconnaissant à Waldemar pour le temps que nous avons partagé et les paroles qu’il m’a données. »
Rêves d’harmonie et de fraternité
Waldemar Bastos est né le 4 janvier 1954 dans le nord de l’Angola, à São Salvador do Congo (aujourd’hui M’Banza Congo), près de la frontière avec l’ancien Zaïre (actuelle RDC). Ses parents étaient infirmiers, et son père jouait de l’orgue à l’église catholique. « Mes premiers souvenirs musicaux sont les chants de la messe. Par la suite, j’ai écouté Nat King Cole et les groupes à la mode : Shadows, Beatles. En accompagnant mes parents à travers l’Angola, j’ai découvert la diversité du pays, les différentes langues, les musiques », confiait le chanteur au journal Libération en 1998, lors de son premier concert à Paris. Entretien dans lequel il avait aussi évoqué son emprisonnement, à l’âge de 17 ans, ordonné par les autorités coloniales portugaises. On lui reprochait « de s’intéresser à la culture de son peuple », déclare-t-il. « C’était une façon de m’intimider. L’emprisonnement a duré six mois, puis j’ai été assigné à résidence. La sanction a pris fin au bout de deux ans, avec la révolution des œillets, en 1974. »
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