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Le site, sur les hauteurs d’Antananarivo, offre une vue majestueuse sur la capitale malgache qu’on souhaiterait voir aussitôt fixée sur papier glacé. C’est justement là qu’a ouvert, en 2018, le Musée de la photographie de Madagascar. Un projet de passionnés lancé en 2013 comme un simple site web et qui s’est matérialisé cinq ans plus tard en un véritable établissement culturel. Il est hébergé dans l’ancienne Résidence des maires d’Antananarivo, une bâtisse traditionnelle d’architecture mérina, avec un toit typique en double pente et une varangue à poteaux de briques. Ce petit musée s’est fixé la double mission de préserver le patrimoine photographique malgache et d’encourager la population de la Grande Ile, à travers ces images, à s’approprier son histoire.
En tout, près de 14 000 clichés pris entre 1860 et 1960 ont déjà été numérisés par une poignée d’universitaires et plus de 50 000 sont en attente de l’être à leur tour. « On a choisi de se concentrer sur cette période, car la photographie à Madagascar débute en 1853 à Tamatave avant d’arriver deux ans plus tard à la capitale », précise Tsiory Randriamanantrena, directeur du musée. On doit la première photo prise sur la Grande Ile à un missionnaire protestant britannique, William Ellis, qui débarque à l’époque équipé de son daguerréotype.
La petite histoire dans la grande
A l’intérieur du musée, quatre salles de projection sont prévues pour des films aux thèmes éclectiques, tels que les grands personnages du XIXe siècle à Antananarivo ou l’âge d’or de la photographie de studio dans les années 1930. Les diaporamas sont réalisés à partir de clichés du musée et commentés par une voix off sur la base de textes établis avec l’aide d’historiens, d’un anthropologue et d’un juriste en plusieurs langues. La plus grande salle et le charmant jardin du musée, quand le temps le permet, accueillent quant à eux des expositions dédiées à des photographes contemporains.
« Le patrimoine photographique du musée est indissociable de l’histoire malgache et c’est, selon moi, le meilleur média pour la transmettre », affirme Heliantha Rajaonarison, présidente et cofondatrice du musée. Cette historienne de formation a joué un rôle clé dans l’entreprise de collecte de ces photographies qui constitue aujourd’hui le fonds du musée. Les Archives nationales du pays, premier partenaire de l’établissement, ont abondé les collections. Mais celles-ci comprennent aussi des clichés de particuliers. La petite histoire ne cesse donc de s’imbriquer dans la grande.

C’est grâce aux travaux d’Heliantha Rajaonarison que les grandes familles de photographes malgaches ont pu être identifiées. L’équipe du musée s’est alors mise en quête de les contacter. « Mais on ne se limite pas aux photographies officielles, précise Tsiory Randriamanantrena. Toutes les photos font partie intégrante de l’histoire du pays, peu importent les auteurs et leur provenance. »
A partir de ce patrimoine, le musée a constitué une vaste banque de données numériques. Comme un grand livre d’images sur l’histoire de Madagascar, avant, pendant et après la colonisation. Même si, insiste Heliantha Rajaonarison, « contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette période n’est pas une charnière dans l’histoire de la photographie sur l’île. Cela a marqué un changement dans les représentations, avec le regard réducteur du colonisateur sur le colonisé, mais les Malgaches maîtrisaient la photographie bien avant ».
« Comprendre avec les yeux »
Ainsi après les premiers clichés du révérend Ellis, les habitants se sont appropriés cette discipline et la photo privée a rapidement pris son essor. « L’âge d’or de la photo, c’est sans conteste les années 1930, une époque durant laquelle les studios se sont beaucoup développés », détaille Rijasolo, photoreporter malgache à la renommée internationale. Les habitants, bourgeois malgaches comme colons, faisaient la queue aux portes de studios comme celui de Ramilijaona (1887-1948) pour se faire tirer le portrait seul ou en famille, raconte-t-il. Un attrait pour la pellicule qui ne s’est plus jamais démenti. « Les réseaux sociaux ont beaucoup contribué à faire émerger de jeunes professionnels malgaches de la photo, mais aussi à démocratiser cet art », analyse Rijasolo. Les ressources de l’établissement sont d’ailleurs consultables sur place par les étudiants.

Le musée se conçoit comme un lieu de vie, et pas seulement un lieu de mémoire. Deux samedis par mois sont organisés des cafés-débats sur des thèmes historiques, développés à l’aide des collections dans la salle de restaurant attenante au musée.
Le public y est varié, comme en témoigne le journaliste et auteur français Loïc Hervouet, qui y a déjà donné deux conférences : « J’y ai croisé de vieux spécialistes ethnographiques et beaucoup d’étudiants. Il y avait aussi des Malgaches de toutes ethnies et des “vazaha” au sens large : des Américains, des Français, des Italiens. La photo permet de comprendre avec les yeux, c’est à la portée de tout un chacun. »
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