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Il n’a aucune appétence pour les sujets faciles et ça se voit. Après Invisibles, sa première série sur les « microbes », ces enfants des rues d’Abidjan, Alex Ogou a choisi de s’intéresser au cacao, la principale richesse du pays et produit de marque de la Côte d’Ivoire. Sur une idée de son amie productrice Yolande Bogui, le réalisateur et producteur franco-ivoirien a repris sa caméra pour raconter les univers complexes entourant ce fruit qui devient chocolat.

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Diffusée à partir du lundi 15 juin sur Canal+ Afrique, la série Cacao est une saga de douze épisodes qui nous fait pénétrer dans les jeux de pouvoir, d’amour et d’argent de deux familles puissantes et rivales qui opèrent dans ce secteur. Alex Ogou revient sur ce qui l’a poussé à réaliser une série sur cette denrée incontournable qui, loin de n’être qu’une culture de rente, nourrit la vie et le quotidien de millions d’Ivoiriens.

Votre première série abordait la question des enfants des rues, celle-ci plonge dans l’univers du cacao, pourquoi ce choix ?

Alex Ogou En voyant la densité de l’écosystème cacao, j’ai eu envie de démêler les fils et de raconter ce qu’il y a derrière ce fruit : comment des milliers de gens ici s’activent au quotidien pour que le reste de la planète puisse manger du chocolat. J’ai voulu mettre en lumière tout ce qu’il se passe du champ de cacao à l’emballage du chocolat. Et notamment l’absence de transformation locale, de valeur ajoutée. Grâce à ça, je touche à une question plus large que le cacao, mais qui concerne toute l’Afrique : nos richesses ne peuvent plus rester de simples objets de contemplation, de culture. Pourquoi n’arrivons-nous pas à nous insérer dans les interstices de transformation où le business se fait ?

D’autant plus que le cacao donne parfois l’impression d’être l’alpha et l’oméga de la vie en Côte d’Ivoire…

Ici, le cacao, c’est plus qu’un simple fruit, plus qu’une denrée. Ça concerne tout le monde : entre 75 % et 80 % des Ivoiriens ont un lien plus ou moins direct avec le monde du cacao. Quand tu as une donnée comme ça, en tant que réalisateur, tu te dis que tu touches à une corde populaire, dans le sens noble du terme, un sujet qui concerne un maximum de gens. Et autour de cet objet, le cacao, il y a mille univers qui gravitent et qui permettent de raconter des histoires.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans l’univers du cacao ?

Ce qui m’a le plus interpellé, c’est l’omerta qui l’entoure. Un peu comme si on parlait de drogues, alors qu’on parle de la principale richesse de Côte d’Ivoire, d’une denrée consommée dans le monde entier et dont on ne doit pas avoir honte. Il y a certainement des gens mauvais dans le cacao, mais pour combien de gens bien !

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L’omerta autour du cacao vient du fait que c’est un secteur où il y a des gros sous, et donc une culture du secret qui laisse la porte ouverte aux fantasmes. Mais moi, en tant que réalisateur, artiste, progressiste, j’ai décidé de mettre en avant ce qui est positif là-dedans, tout en interrogeant ce regard extérieur qui crée l’omerta. Il y a le fruit, et la vie autour de ce fruit, et tout ça se raconte.

Etait-il plus facile de parler des « microbes » des rues d’Abidjan ?

Quand j’ai fait Invisibles, on a tout fait pour m’empêcher de raconter cette histoire avant même de savoir quel angle je voulais creuser, quel prisme j’avais choisi. La question pour moi n’est pas la « sensibilité » du sujet, mais la manière dont je le traite.

Quand je prends ma caméra, je jette un regard sur un sujet, ni accusateur, ni béat, mais fidèle à l’être humain : complexe. Pour moi, dans cette série, le cacao, c’est un décorum, un prétexte pour parler de rapports entre les gens, d’amour, de pouvoir, de toutes ces choses qui font la vie de la cité ivoirienne, mais sont universelles. Il y a beaucoup de passion autour du cacao, et je le comprends. Une partie du business est pourrie, sur la fin. Mais combien sont-ils à le cultiver et à le travailler qui méritent qu’on raconte leur histoire ?

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LA REDACTION