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En imagesAmoureux fou de la savane kényane et de ses animaux, le photographe américain Peter Beard, décédé, fin avril, à 82 ans, laisse des clichés exceptionnels de la destruction de la vie sauvage en Afrique. L’aventurier défraya aussi la chronique pour ses images des plus belles femmes de son époque. Un beau livre, publié chez Taschen, retrace son parcours.
La Fin d’un monde, c’est sous ce titre mélancolique que le premier livre de Peter Beard était sorti en France, en 1965. Dans le style scrapbook qui caractérise ses journaux intimes depuis l’enfance, le photographe américain y révélait la destruction d’un paradis, la savane africaine qu’il avait découverte à 17 ans, lors d’un premier voyage au Kenya, avant ses études à Yale. En quelques années d’explosion démographique, « l’infinie contrée sauvage qui semblait trop vaste pour être détruite » avait transformé en mouroirs les parcs nationaux où pullulaient des éléphants affamés.
Le 19 avril, un autre monde s’est éteint lorsque Peter Beard, qui souffrait de démence sénile, a été retrouvé mort en pleine nature, dans les environs de sa maison de Montauk, sur Long Island, à 82 ans, après dix-neuf jours de disparition. Ce monde que les nécrologies des journaux américains ont décrit comme tout droit sorti d’un roman de Joseph Conrad ou de Scott Fitzgerald, quand ce n’était pas Ernest Hemingway ou Paul Bowles, peut se visiter dans un beau livre réédité en juin par Taschen, avec la veuve de l’artiste, Nejma Beard.
L’Afrique de Karen Blixen
Dans ce monde englouti, un riche héritier au physique de jeune premier achète une quinzaine d’hectares de collines à côté de l’ancienne ferme africaine de l’écrivaine Karen Blixen, qu’il photographie à Copenhague en admirateur. « Il vivait dans un campement de tentes au cœur du Beverly Hills de Nairobi. Bach ou les Rolling Stones s’échappaient toujours de son Land Rover », nous raconte son amie l’actrice et top-modèle Lauren Hutton, une autre fanatique de l’Afrique. Fréquents compagnons d’aventures, ils volent de campement en campement à la rencontre de « zoologistes et biologistes anglo-africains » : « Nous étions toujours les bienvenus, car on se sent seul dans le bush et ils aimaient bien me regarder (…), se souvient l’ex-visage de Revlon. Pete m’accompagnait en tant qu’instigateur de chaos et de joie. »
Cette Afrique qu’il mythifie est celle des expéditions scientifiques, des chasseurs, des grands mammifères, mais pas celle des Africains, comme le fera remarquer Iman, le mannequin somalien qui lui doit sa carrière. « Peter aime l’Afrique mais nous ne sommes jamais d’accord sur ce qu’est réellement l’Afrique, confiait-elle à Vanity Fair en 1996. Est-ce les animaux et le paysage ou bien les gens ? Il n’a aucun respect pour les Africains, mais c’est leur continent – pas le sien. »
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