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Credit photo @Alex Bego
Diplômée en Sciences politiques et Droit international à l’Université Mohammed V, Syham Weigant est aujourd’hui curatrice d’art, en d’autres termes « Commissaire d’exposition ». Un métier récent dans le monde et relativement nouveau au Maroc, considéré comme l’un des maillons clé de l’art contemporain.
Passionnée de culture, elle intégre le domaine de l’art par le biais de l’écriture. Syham, qui se décrit plutôt comme écrivaine que curatrice, « écrit l’exposition ». Ses mots, guidés par son ressenti sont le commencement…C’est au fil de la narration que l’exposition prend forme.
«Je viens d’un milieu scientifique où je n’ai jamais été initié à l’art. Il n’y avait pas d’oeuvre d’art chez moi et nous n‘allions pas au musée. C’était un milieu innacessible pour moi. J’ai en revanche toujours été passionnée par les arts vivants, de la musique à la danse, en passant par le cinéma, et la littérature. » ajoute Syham.
La révélation de sa passion pour l’art, elle la découvre tardivement, devant l’œuvre « Carré Blanc Sur fond blanc » de Malévitch. « Derrière ce blanc, il y un coté tangible. Ce carré me tendait quelque chose que je pouvais percevoir » précise Syham.
Elle réalise sa première curation dans le cadre de l’exposition Panafricaine itinérante « Prête moi ton Rêve » en Juin 2019, lors d’une carte blanche qui lui ai attribuée à l’espace « Rue de Tanger », au cœur de la médina de Casablanca.
Nommée « Vertiges de l’Amour », l’exposition regroupe quatre artistes marocains de Renom : Yassine Belbzioui, Mohamed El Baz, Hicham Berrada et Mbarek Bouhchichi.
« Je voulais parler d’amour depuis longtemps. Je voulais montrer qu’en Afrique, nous ne sommes pas toujours obligés d’aborder des sujets politiques, de l’ordre du militantisme. » précise Syham.
En dialogue avec la curatrice, les artistes interrogent chacun à leur manière l’amour et ses impossibilités….Un travail artistique sublimé par des textes poétiques, de l’ordre du philisophique.
Syham Weigant commence par une intimation : « Parlez moi d’amour » qui met en lumière le rôle même du curateur d’exposition. Ses questionnements poussent le visiteur à s’interroger sur cette notion universelle, oh combien importante….
L’exposition devient alors un récit, sous le prisme d’oeuvres d’art singulières, qui au delà de leur esthétisme, nous poussent à la réflexion…Les œuvres, témoins d’un propos, s’expriment d’elles mêmes….Un catalogue dont les textes ont été traduits en arabe, afin que le langage soit audible de tous. L’art est à la porté de tout un chacun.
L’amour qui englobe la peur de perder l’autre, le rapport au désir, ses souffrances, ses limites…Sont autant de questionnements que Syham pose à elle meme, aux artistes, à d’autres curateurs tels que Simon Njami, ou encore Shehrazade Zahi, ainsi qu’au public….
De ce fait, elle nous démontre que la pratique curatoriale réside dans la narration…Elle interroge pour laisser libre cours à notre imagination, à nos pensées….Les œuvres conversent autour d’une thématique , fruit d’un dialogue riche entre le curateur et ses artistes.
« En tant que curateur, nous ne cherchons pas à définir les choses ni à apporter un quelconque message, mais plutôt à apporter les outils qui peuvent nous éclairer sur certains choses…. Le questionnement fait partie intégrante de notre métier », confie Syham.
Lors de la dernière foire d’art contemporain africain 1-54 à Marrakech, Syham présentait en Off , une exposition réunissant 80 artistes marocains, un pari ambitieux pour un projet artistique hors du commun… C’est aussi la force du métier de curateur…. Sortir des sentiers battus en faisant appel à sa créativité…L’art n’a pas de limites.
80 artistes, issus du meme continuent, se retrouvent pour porter un regard sur la thématique du voisinage. L’exposition est le reflet des liens qui se nouent entre voisins….Des liens d’autant plus fort dans un pays aussi solidaire que le Maroc.
Intitulée « United Artists », son nom est un clin d’œil à la société de distribution cinématographique fondée en 1919 par les quatre pionniers d’hollywood que sont Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Mary Pickford, et D.W. Griffith. Réunis dans le cadre d’une coopérative, leur objectif était de contrebalancer le pouvoir des grands studios hollywoodiens qui, selon eux, engrangeaient d’énormes bénéfices à leurs dépens.
Ainsi, à travers l’exposition « United Artists »,l’artiste est vu ici comme un tout, inséparable de ses confrères….Une communauté d’artistes solidaires, débattant, communiquant, partageant…
Syham interroge ainsi la notion « d’artistes Associés « qui main dans la main, pourraient à eux seuls créer leur monde idéal……
Une sorte d’utopie, où l’artiste ne se voit pas individuellement, mais collectivement…Plus Fort et moins solitaire…
L’exposition, placée sous le signe de la cohabitation et de la fraternité, pourrait inventer de « nouvelles façons de vivre ensemble ». Elle célèbre le concept de voisinage, tout en interrogeant l’artiste sur sa manière de concevoir la vie collectivement…
« Elle est politique. Elle propose de reconstituer une cité des artistes qui pourront autour de cette agora trouver des affinités, developper des proximités ou encore, Avoisinner » ajouter Syham.
Une des qualités du curateur est sans doute la solitude du chercheur…L’exposition née au cœur de cette recherche…Creuser pour mieux comprendre, creuser pour interroger….Des sujets pour la plupart universels que l’artiste exprime sous le prisme de son œuvre, selon sa propre sensibilité…
« Je viens de la recherche et de l’écriture…C’est de cette manière que j’envisage l’art…C’est tout aussi important que le dialogue qui s’instaure avec l’artiste » témoigne Syham.
Muni de sa plume, le curateur , fin observateur de ce qui l’entoure, « écrit » l’art sous le prisme de son regard….Narrateur d’un récit, il nous offre a contempler un parcours artistique singulier invitant tout un chacun au questionnement…
Témoin de son temps, le curateur est avant tout écrivain…l’exposition n’est autre que le récit, dont on ne connaîtra jamais le dénouement…Un parcours artistique, doté d’outils et de questionnements, qui interroge le monde de demain…
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