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« Quand je vois mon visage et l’affiche du film sur Netflix, je dois me pincer pour y croire », confie Tendaiishe Chitima, actrice principale de Cook Off, un long-métrage 100 % zimbabwéen disponible lundi 1er juin sur la plateforme de diffusion en ligne.
Comme tous les autres participants à ce film au tournage épique et au budget initial de seulement 8 000 dollars (7 200 euros), la femme de 29 ans, yeux pétillants et sourire de star, n’a toujours pas été payée pour sa prestation. « Ce n’était pas le genre de tournage où les acteurs ont leur caravane et du vin à gogo. Non, tout était minimaliste. Il fallait que la première prise ou la seconde soit la bonne », se rappelle-t-elle depuis la propriété de ses parents, installés à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Car au Zimbabwe, pays empêtré dans une crise économique sans fond depuis deux décennies, tourner une fiction est une gageure et obtenir sa diffusion sur Netflix un « miracle », comme l’explique Tendaiishe Chitima à l’AFP. Dans Cook Off, histoire d’amour pimentée d’humour, la jeune actrice zimbabwéenne joue Anesu, une mère de famille célibataire passionnée par la cuisine mais emportée par le tourbillon du quotidien. A son insu, son fils et sa grand-mère l’inscrivent à une émission de téléréalité culinaire.
Coupures d’électricité
Pour réduire au maximum les coûts du film, Cook Off a été tourné dans le décor de la version locale de « Top Chef », qui était diffusée sur la chaîne publique ZBC. « On a utilisé les costumes, le décor, les ustensiles de cuisine » de l’émission, qui n’était pas reconduite faute de budget, se rappelle le scénariste et réalisateur du film, Tomas Brickhill. « Sans ça, il n’y aurait pas eu de film. »
L’équipe a dû aussi batailler pour avoir de quoi payer la nourriture de l’équipe sur le plateau. Compte tenu de la pénurie d’argent liquide au Zimbabwe, « on ne pouvait retirer que 20 dollars par jour et il fallait trouver des agents à qui acheter du cash » au marché noir, c’est-à-dire payer 110 dollars pour en avoir 100 en poche, se souvient Tomas Brickhill. « Le genre de choses auxquelles on est habitué au Zimbabwe, mais qui, pour des étrangers, semble fou », relève-t-il.
Autre casse-tête, l’absence d’eau courante sur le lieu du tournage. L’équipe de Cook Off devait aller la chercher au robinet d’un jardin et la faire bouillir pour éviter toute maladie. Les premiers jours du tournage ont également été fortement perturbés par de longues coupures d’électricité imprévisibles. Il a fallu louer un générateur, une dépense impromptue pour un film à tout petit budget.
Gaz lacrymogènes
Le tournage a eu lieu en 2017, dans un contexte économique et politique tendu, quelques mois seulement avant la chute du président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980. L’une des actrices s’est ainsi retrouvée piégée dans une manifestation réprimée par les forces de sécurité à coups de gaz lacrymogènes. « Elle a appelé pour dire qu’elle pouvait venir sur le tournage mais que ses yeux coulaient sans cesse et qu’elle n’avait pas de scène de pleurs à tourner », se rappelle Tomas Brickhill en souriant.
L’équipe a surmonté galère sur galère, mais Cook Off reste un film délibérément optimiste. « D’habitude, je jouais dans des séries, des rôles de domestiques, de prostituées, de femmes victimes de trafic en tous genres », explique Tendaiishe Chitima, qui a décroché avec Cook Off son premier rôle dans un long-métrage. « Là, j’ai pu jouer une femme qui prend son destin en main et qui va au bout de son rêve. Le film montre l’autre facette de notre histoire. Nous sommes résilients, nous avons des rêves. »
Tendaiishe Chitima s’imagine maintenant actrice dans des films à gros budget. Pour l’instant, elle attend son cachet, trois ans après le tournage.
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