Il possède l’une des voix les plus douces de la musique africaine sans pour autant jouer au crooner, car Cheikh Lô, le Sénagalais né au Burkina Faso, apprécie trop de styles pour n’en emprunter qu’un seul. Comme pour ses albums officiels, une poignée en vingt ans dont le précédent, Jamm (2010), paru après une absence de cinq ans, Balbalou bénéficie de cette richesse musicale qui caractérise le chanteur et guitariste à dreadlocks. Et comme celui précité, il aura fallu attendre cinq nouvelles années pour goûter au miel de son timbre.

Sans doute est-ce son secret que de se faire discret sans pour autant être oublé, tant chaque retour apporte son lot de douces mélodies pénétrantes et délicieusement accompagnées de kora, de guitare naine et de percussions variées. Chaque retrouvaille offre aussi l’occasion de croiser des noms familiers, et Balbalou ne faillit pas à la tradition en invitant la Brésilienne francophile Flavia Coelho et l’accordéoniste-titi parisien Fixi sur le « tube », ou du moins celui qui mériterait de le devenir, « Degg Gui », morceau-phare et intitulé d’un EP annonciateur paru quelques semaines avant. Sur « Balbalou » (« Bavarder »), c’est la trompette d’Ibrahim Maalouf qui, par ses envolées éclair, harmonise le balancement du reggae africain, tandis que la Malienne Oumou Sangaré, qui se fait aussi trop rare, enchante le finale de l’hymne au rassemblement, « Doyal Naniou ».

Puisque Balbalou sert aussi à faire passer des messages, l’unique titre entièrement francophone, « Baissons les armes », prône la négociation de paix plutôt que la guerre, sur un air de jazz latin dans lequel Cheikh Lô est à son aise. Il est aussi question d’amour, loué en wolof ou en bambara, dans ce recueil enregistré partiellement en Suède avec le producteur Andreas Unge. Le plus complexe des sentiments est évoqué dans « Gemou Ma Ko », et ses déboires conjugaux pimentent le remuant « Suzannah ».

Prompt à accueillir les néophytes en musique africaine, l’album du résident de Keur Massar, en banlieue de Dakar, offre un agréable panel de rythmes outre le mbalax pratiqué depuis ses jeunes années au sein de l’orchestre Volta Jazz. Sur « Leer Gui Fall », c’est un funk exotique ourlé de trompette, d’orgue et de guitare pedal steel qui s’invite à la transe hypnotique de l’afrobeat. Puis vient le tour de « Kouma Magni » pour conclure en deux minutes, dans un joyeux exercice piano-voix, ce grand retour avant d’attendre la suite d’ici quelques années.

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