Fode Baro sort son septième album baptisé « La Vérité ». Comme son compatriote Sékouba Bambino et bien d’autres artistes du continent qui cultivent les graines semées par Kassav‘ au début des années 80, Fode Baro sait respecter à la lettre les conventions du zouk. Dans la forme, d’abord, avec les programmations signées par son acolyte de longue date, le multi-instrumentiste martiniquais Thierry Vaton (membre entre autres du collectif Mizikopéyi). Il y a aussi ces claviers hurleurs, saturés, qui ne déplairaient pas aux Haïtiens de T-Vice, ambassadeurs d’un compas très festif. Ou ce chant « robotisé » car passé par le filtre du logiciel Auto-tune pour coller à son époque.
Sur le fond aussi, le Guinéen quadragénaire sait chanter à l’antillaise, les relations hommes-femmes. Djamila, en ouverture de son nouveau CD La Vérité, ou Pourquoi me quitter ? en duo avec le Sénégalo-Capverdien Philip Monteiro, sont là pour le rappeler.
Mais ce qui fait l’originalité et constitue la valeur ajoutée de la musique de Fode Baro réside ailleurs : s’il apporte la culture mandingue avec lui, dans le chant, les mélodies, ses influences africaines ne se limitent pas à ce seul horizon. Le Congo s’invite parfois dans la danse, avec ce jeu de guitare reconnaissable entre tous (que même le Belgo-Rwandais Stromae a utilisé pour Papaoutai) et la présence aux chœurs d’un membre du groupe Kekele.
Les cuivres, quant à eux, interviennent sur un schéma qui rappelle clairement celui adopté dans le reggae africain, en particulier par Alpha Blondy  avec qui un des souffleurs de Fode Baro a collaboré par le passé. Dans l’écriture, le Guinéen est d’ailleurs capable de jouer sur les mêmes ressorts que la star ivoirienne. La Paix, Unité nationale et surtout Dénoncer viennent justifier son surnom d’ »agitateur » et donnent à ce CD une dimension sociétale qui fait aussi la spécificité de cet artiste.
On n’en attendrait pas moins d’un homme qui a dû lutter contre la pesanteur des traditions, pour des raisons similaires à celles vécues par le Malien , afin d’assouvir sa passion de la musique, une activité qu’il était impensable de pratiquer dans une famille de marabouts comme la sienne.

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